Recherche Libre Mathématique

les maths à l'école autrement et pour tous

concepts structurants

des concepts opérants 1 : pareil ou pas pareil ?

Le contenu de la page

  1. concepts opérants : un point de vue différent
  2. pareil ou pas pareil
    1. une simple phrase
    2. des objets
    3. des situations
    4. des ressemblances ou dissemblances qui interpellent
    5. relier, comparer

concepts opérants : un point de vue différent

Ces concepts opérants proposent une approche particulière extrêmement simple et générale mais cependant très efficace pour appréhender les situations et les événements qui se présentent en classe. Ils offrent une manière différente d’envisager les choses.
Ils provoquent inévitablement des réactions et apparaissent ainsi comme des facteurs déclenchants, des stimulus de créativité.

La familiarité avec certains des concepts opérants présentés ici tels que « une simple phrase », « pareil/pas pareil »,  » changer », « les deux mondes », « les images créatrices »… permet à l’adulte un accueil des apports des enfants plus serein et ouvre des possibilités d’action immédiate.

Prendre en compte des objets rapportés (une coupe, un motif sur un pull, une voiture miniature,..) ou des événements pas forcément inspirants (j ’ai perdu une dent, la marche des facteurs, mon  petit frère me suit tout le temps, le bruit du tracteur qui traverse le village…), s’accorder un peu de temps pour les examiner, pour s’étonner, tenter de représenter sur le papier l’objet montré ou de reproduire la situation évoquée sont les actes premiers d’un possible processus de recherche prometteur et de construction de connaissance.

pareil ou pas pareil ?

une simple phrase…

Une info de B., un enfant de six ans : « Le plus souvent, je joue avec mon vélo. C’est un bicross. »
Cet événement présenté aux nouvelles peut très bien ne susciter que quelques questions et ça en reste là. Mais généralement, ce n’est pas le cas : on veut en savoir plus sur ce bicross, sur l’endroit où ça se passe, sur sa couleur, etc.
On veut aussi savoir si B. a d’autres jeux.
« Quelquefois, je fais du skate. C’est dangereux. J’ai fait aussi des patins à roulettes, mais je ne sais pas en faire. Je joue aussi aux cartes tout seul. Je joue aussi souvent au billard avec mon père. On a un billard….
Mon père, quand il était petit, il jouait aux billes et au vélo. Maman, elle jouait à la corde à sauter et aux patins. »

D’autres choses entendues pendant la séance de « nouvelles » :
« Maman a eu un bébé : c’est un petit frère. » ou « Moi, je n’ai pas de frère. J’aimerais bien. »
« Moi, j’habite rue du Marais. » « Moi, non. C’est rue des Castors. » « Moi, je n’habite pas à Fouquereuil. »
« J’ai eu un nouveau chien. »
« Quand ma mère nous dit d’aller dormir, mon frère ne veut pas. Il n’obéit pas. »

des objets

Les enfants apportent beaucoup de choses lors des présentations d’objets.  C’est un moment de communication, de partage et de valorisation qu’ils apprécient beaucoup. Conserver et partager un objet témoin de leurs activités en dehors de la classe et susceptible d’éveiller l’intérêt modifie leur perception de l’environnement qui les entoure. Ils l’abordent avec un regard plus prospectif.
Certains objets  sont uniquement présentés avec quelques rapides mots d’explication, et on ne s’y attarde pas. Il est possible aussi qu’ils soient à nouveau évoqués ultérieurement, dans des contextes différents, à la suite d’autres questions soulevées.
D’autres offrent des points de départ fructueux à des recherches dans le domaine mathématique, mais également à des enquêtes historiques, des expérimentations scientifiques, à la rédaction de textes libres ou à la création d’œuvres artistiques.

 

On a trouvé un moustique sur un mur du préau. Il a une patte cassée.


Thomas D. nous a montré des papillons d’Afrique. C’est son père qui les a ramenés.

la date en couleur : on dirait le drapeau de la France.


le crocodile : éteint, allumé, éteint, allumé…

Lucien a gagné une coupe. Elle est belle.

Elle est pareille de chaque côté. Il a essayé de la dessiner.
David et Valentine ont eu un objet à Quick : ça fait des jumeaux. C’est difficile de dessiner des jumeaux !

 
la fleur

 

 

 

les poupées russes : pareilles mais …

la coccinelle

 

la décoration


la jolie tasse

la tapisserie

 

les tapisseries


le livre de Chipie

La petite règle de Céline. Elle n’est pas pareille que la nôtre.

les deux groupes de fleurs

 


les décorations de Noël dans les rues.

Ils ont les mêmes trousses ! Enfin, presque…

la frise décorative

Ophélie a présenté un bracelet en scoubidou que sa mère lui a fabriqué.


le bracelet ressemble à une frise.

la pièce de 10 Francs

 

 

les pièces

 


le jouet

 

l’éventail

Maxime a présenté sa nouvelle trompette

 Il nous a joué les notes qu’il a déjà apprises. Il change les notes avec ses doigts
On est le 17 : le dix-sept. On entend dix et sept la flûte de Pan

le collier des jours change chaque jour

 

de samedi à lundi

Mathilde a apporté des jumeaux !

 

Amélie a apporté un coloriage qu’elle a fait à partir d’un modèle plus petit.

le livre miroir

miroir

les cartables

la montre

voitures de course

logos

le collier des jours

la grosse perle

la tour Eiffel

 

 

des situations

« Mon petit frère me suit toujours. Il veut faire pareil que moi. Et ça m’énerve. »
Noémie est interrogé et c’est Elisa qui répond.
« Chez ma grand-mère, il y a un chien. Quand je cours, il court. Quand je m’arrête, il s’arrête.
« J’ai vu deux danseurs de claquettes. Ils dansaient exactement pareil. »
«  Mon petit frère commence à parler. Quand je dis « perlimpinpin », il dit « perlimpinpin ». »
« Amélie est allée à une fête. Elle a dansé la macarena. Elle nous a montré. »
« Mon chien, quand je lui dis « couché ! », il se sauve. »
Kéliane a mis sa casquette à l’envers.

« J’ai vu deux jumelles. Elles se ressemblaient fort. »

Claire et sa sœur sont « tout habillées pareil ».
Mais ses habits sont plus petits.

Aujourd’hui, Astrid et sa petite sœur Héloïse sont venues à l’école avec le même T-shirt. Les T-shirts viennent de Nouvelle Calédonie.

 

Les deux frères, « tout pareil » ?


la marche des facteurs


Mathieu doit prendre 3 cachets. Il les avale un par un. Quand il en a avalé un dans le ventre, il lui en reste deux dans la main.


le drôle de papa

le jeu du dromadaire

la ducasse
la fée

 

le camembert

 

le correspondant absent

 

la paille

 

Mon frère s’appelle


on a changé de saison


le bateau

 

les feux de circulation

la direction du vent

 

Il a déjà tiré deux flèches sur 3 sur le dragon.

 

la dent perdue

la casquette de Kéliane

 

des ressemblances ou dissemblances qui interpellent

Si l’enseignant perçoit tous ces événements à travers le prisme « pareil/pas pareil », il peut favoriser et accompagner ce besoin naturel de chercher et de trouver de la régularité, des ressemblances ou différences entre objets ou situations de l’environnement proche. La constatation et la justification du « c’est pareil », « c’est presque pareil »,  » c’est pareil, mais… » ou « c’est pas pareil » ouvre inévitablement la voie à des prolongements prometteurs.

relier, comparer

Le psychologue J. Bruner s’est intéressé à la manière dont l’être humain perçoit le monde, comment il interprète son environnement pour l’ordonner. Dès son plus jeune âge, en quête de sens, il détecte des propriétés communes dans les objets ou situations rencontrés qu’il regroupe en fonction de leurs ressemblances ou de leurs différences, les organisant ainsi en catégories.
En classe, cette propension naturelle incite les enfants :
à faire des remarques sur les objets rapportés ou les événements présentés :
– les cartables, les trousses, les règles, les jumelles… ;
– les couleurs de la date et le drapeau français ;
– le chien de Chipie marche dans les deux sens ;
– l’aspect, les formes sont pareils : les habits des frères et sœurs, les poupées russes, les pétales de la fleur, les plis de l’éventail, les quatre éléments du jouet, le coloriage, des éléments de décoration qui se répètent ;

à établir des relations et des comparaisons :
– les motifs de la décoration tournent, comme les pétales de la fleur ;
– la coupe est « pareille » de chaque côté, comme une coccinelle ou un moustique qui a toutes ses pattes ;
– le livre de Chipie ressemble à la tapisserie ou à la frise décorative ;
– sur la montre, on voit deux suites
   
Il y a aussi deux listes différentes : 1, 2, 3 .. et 5, 10, 15 … ;
– les colliers du jour : du samedi au lundi, on ajoute toujours 2 perles.

Les réflexions du type « c’est pareil », « moi aussi j’ai un bicross » ou encore « ça se ressemble », « c’est comme » apparaissent fréquemment.

L’enseignant qui accueille, soutient et encourage cette tendance des enfants à faire des remarques, à identifier des similitudes ou des différences entre les objets ou les situations, installe chez eux une technique de vie efficiente et leur ouvre la voie vers un vaste champ d’exploration et de découvertes.